Sélectionner une page

Moussa Condé, Responsable Protection et Maîtrise du Territoire au Parc National du Badiar (Wild Chimpanzee Foundation)

Un lion abattu en Guinée : un signal d’alarme pour la conservation de la faune sauvage

La récente mise à mort d’un lion dans la sous-préfecture de Salambandé, située dans la préfecture de Mali, ravive une problématique récurrente en Guinée : le conflit entre l’homme et la faune sauvage. Cet événement tragique soulève des inquiétudes quant à l’avenir du lion en Guinée, une espèce déjà menacée d’extinction.

Le lion, un acteur clé des écosystèmes menacé

Le lion (Panthera leo) joue un rôle crucial dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes africains. En régulant les populations d’herbivores, il prévient la dégradation des habitats naturels. Pourtant, sa survie est compromise par plusieurs menaces. En Guinée, il ne resterait plus qu’une vingtaine d’individus, un chiffre alarmant.

Les principales menaces pesant sur cette espèce sont multiples :

  1. La destruction de son habitat due à l’expansion agricole, à l’exploitation minière et à la déforestation.
  2. Le braconnage et la chasse illégale, souvent motivés par des croyances traditionnelles ou la vente de parties du lion sur le marché noir.
  3. Les conflits avec les éleveurs, qui perçoivent ces félins comme une menace pour leur bétail et n’hésitent pas à les abattre en représailles.

Un lion tué à Salambandé : un drame évitable

La semaine dernière, dans un district proche de la forêt classée de la Kabéla, sur les berges du fleuve Gambie, un lion a été tué par un éleveur excédé par des attaques répétées sur son bétail. Cet événement est d’autant plus préoccupant qu’il s’est produit dans un corridor écologique reliant les parcs nationaux du Moyen-Bafing et du Badiar, zones vitales pour la conservation de la biodiversité.

Comment éviter de nouveaux drames ?

Face à cette situation, des solutions existent pour favoriser la cohabitation entre les communautés locales et la faune sauvage :

  1. Renforcer la surveillance dans les aires protégées et corridors écologiques qui constituent les derniers refuges de la grande faune guinéenne.
  2. Sensibiliser les populations aux bénéfices écologiques et économiques de la conservation du lion, notamment via l’écotourisme.
  3. Mettre en place des programmes de sensibilisation et d’accompagnement des éleveurs victimes d’attaques de lions, afin de réduire les conflits.
  4. Encourager des pratiques durables d’élevage, comme la construction d’enclos à bétails résistants aux prédateurs et la vulgarisation des méthodes de fidélisation du bétail comme les blocs à lécher par exemple.

Un patrimoine en péril

Si des mesures concrètes ne sont pas rapidement adoptées, le lion pourrait disparaître définitivement de la Guinée. Cette disparition ne serait pas seulement une perte écologique, mais aussi une perte culturelle et économique. Le lion est un symbole de la faune africaine, et sa présence peut être un atout majeur pour le tourisme.

Il est urgent d’agir pour que ces majestueux félins continuent de régner sur les savanes guinéennes, plutôt que de disparaître sous la menace de l’expansion humaine et de l’indifférence.